Cognac vs Armagnac, quelle est la différence ?
L’armagnac et le cognac figurent parmi les eaux-de-vie les plus célèbres et les plus appréciées de France. Produites dans la même région, toutes deux jouissent d’une histoire riche qui leur est unique et leur a permis d’emprunter des chemins bien différents. Bien qu’elles présentent des points communs, elles sont le fruit de deux savoir-faire bien distincts.
La différence : cognac vs armagnac
Un spiritueux est une boisson à base d’alcool que l’on obtient en distillant des produits ayant subi une fermentation alcoolique. On distingue les spiritueux composés, dont le goût provient de l’ajout de substances aromatisantes, des spiritueux simples. Ceux-ci, également appelés eaux-de-vie, doivent leurs arômes à la fermentation de matières premières. L’armagnac et le cognac font tous deux partie de cette seconde catégorie.
Quelle est la base du cognac ?
Le cognac est élaboré à partir de raisin. La grande majorité (97 %) du cépage utilisé est l’Ugni-Blanc (à l’origine d’eaux-de-vie fines et de qualité). Cette surreprésentation est principalement due à la crise du phylloxéra de 1873. Le vin produit pour le cognac est un vin blanc très acide et presque imbuvable. C’est pourquoi il est uniquement destiné à la distillation.
Quelle est la base de l’armagnac ?
Tout comme le cognac, l’armagnac est confectionné grâce au raisin. En revanche, les cépages employés sont bien plus variés. L’encépagement de l’armagnac peut ainsi contenir de l’Ugni-blanc (55 %), mais aussi de la Folle blanche (2 %), produisant des eaux-de-vie fines et florales. Sont également utilisés le Colombard pour des arômes fruités et épicés, ainsi que le Baco 22A (35 %), un hybride de la Folle blanche et du Noah américain. Ce dernier, absent des vignobles de Cognac, permet d’obtenir des eaux-de-vie rondes aux arômes de fruits mûrs. Cette diversité des cépages autorisés par le décret de l’AOC Armagnac est due à la tradition viticole de la région, également productrice de vins de dégustation. Par ailleurs, les vins du vignoble armagnacais sont destinés à être consommés sans être distillés, contrairement à ceux de Cognac.
Comment boit-on un cognac ou un armagnac ?
L’armagnac et le cognac se dégustent de façon similaire. Afin de profiter pleinement de ces eaux-de-vie d’exception, savourez-les sans glaçon, à température ambiante. Pour une dégustation traditionnelle en digestif, servez le cognac et l’armagnac purs dans un verre ballon. Vous pouvez également opter pour un verre tulipe, dont la forme allongée étroite permet de faire ressortir la richesse de l’eau-de-vie. L’armagnac et le cognac se consomment également en long drink ou bien on the rocks, dans un verre dit tumbler.
Pour changer la donne lors de l’apéritif, n’hésitez pas à ajouter une goutte d’eau dans votre verre de cognac afin de révéler tous ses arômes. Quant à l’armagnac, il est conseillé d’aérer la bouteille 20 minutes avant la dégustation afin que ses arômes aient le temps suffisant pour s’ouvrir. Il existe également la méthode du brûlot d’armagnac, un flambage d’armagnac blanc avec du sucre. Pour ce faire, il vous faudra un récipient en cuivre et une louche à manche long. Une dégustation des plus spectaculaires.
Les différences de terroirs, AOC du cognac et l’armagnac
Les terroirs du Cognac et de l’Armagnac se trouvent tous deux en Nouvelle-Aquitaine, à une distance d’environ 300 kilomètres.
L’Armagnac se situe dans un triangle naturel constitué de trois départements : la quasi-totalité du Gers, une partie du Lot, et une partie des Landes. La région viticole présente trois crus :
- Le Bas-Armagnac ou Armagnac noir, avec des sols argilo-siliceux pauvres en calcaire, parfois acides.
- Le Haut-Armagnac ou Armagnac blanc, avec des terrains à dominante calcaire, sauf dans la partie méridionale qui présente des boulbènes argilo-siliceuses.
- Le Ténarèze : une terre de transition, avec des sols à dominante argilo-calcaire.
Les sous-sols de l’Armagnac sont très variés. Ils oscillent entre sables fins quartzeux, sédiments continentaux et fluviaux, et argile siliceuse. Quant au climat, il forme une transition entre le Landais doux et humide, et le Toulousain, plus sec.
Le Cognac se caractérise par des sols moins divers, en majorité calcaires, ce qui implique une culture plus difficile de la vigne. La région comprend six crus :
- La Grande Champagne, autour de Segonzac.
- La Petite Champagne entre la Charente et la Charente-Maritime.
- Les Borderies, petite aire de production autour du village de Burie, et cru de la Maison CAMUS.
- Les Fins Bois, périphérie des trois zones précédentes, produisent la majeure partie des vins (42 %).
- Les Bons Bois, encore plus éloignés de Cognac.
- Les Bois Ordinaires, vaste zone où seul 1,5 % des vignes est dédié au cognac.
La région présente un climat davantage océanique. Ce sont les différences que présentent ces terroirs qui signent la typicité des deux eaux-de-vie.
Les types de production : cognac – armagnac
Outre les différences en matière de terroirs, climats et cépages, l’armagnac et le cognac ont leur propre méthode de fabrication.
Le cognac est impérativement élaboré dans un alambic charentais assurant une double distillation. Dans cet alambic basique en cuivre à repasse, une première chauffe a lieu pour obtenir un alcool à 20-30 degrés appelé brouillis. Celui-ci est ensuite redistillé « en bonne chauffe » à 70-71 degrés. Cette méthode fut inventée par des vignerons dans le but d’importer leurs vins blancs faibles en alcool vers l’Angleterre et les Pays-Bas. La distillation permettait, en effet, de faciliter l’exportation. Le cognac trouva un grand succès en Hollande grâce au vieillissement en fût de chêne. Aujourd’hui, 98 % de sa production est exportée.
Quant à l’armagnac, il est conçu dans un alambic continu armagnacais. Il s’agit d’un alambic en cuivre à double colonne doté de plateaux permettant une distillation continue. Son brevet a été déposé en 1818, pour ensuite être perfectionné au fil du temps par les distillateurs. Ses plateaux permettent aux vapeurs d’alcool de baigner dans le vin frais et d’en extraire les arômes, ce qu’on appelle le barbotage. Ils marquent une grande différence avec le cognac, pour lequel les vapeurs d’alcool n’entrent pas en contact avec le vin frais. Autre différence : l’AOC Armagnac n’impose pas une distillation particulière et certains armagnacs se composent d’un assemblage d’eaux-de-vie provenant des distillations continue et double. Figurant parmi les plus vieilles eaux-de-vie (XVème siècle), l’armagnac est 20 fois moins consommé que le cognac en raison de son absence d’exportation. Il se déguste essentiellement sur le territoire français, et est élaboré par de petits producteurs ou des maisons familiales.
Malgré leurs différences, le cognac et l’armagnac sont deux eaux-de-vie d’exception ancrées dans le savoir-faire de leur région. Un seul moyen de découvrir leur caractère unique : les déguster.